Crise sanitaire: quelles conséquences sur l’immobilier d’entreprise ?
Hausse de la vacance des bureaux, nouvelles aspirations des salariés, chute des investissements… La crise sanitaire n’a fait qu’accélérer des phénomènes déjà existants.
Après une année historique en 2019, le marché de l’immobilier d’entreprise français — l’achat, la vente et la location de bureaux, entrepôts, centres commerciaux et autres parkings — a connu en 2020 un arrêt brutal. Le volume des investissements a baissé de 27%, selon Nexity Conseil & Transaction, pour se situer autour de 26 milliards d’euros. Triste record. Les investisseurs se sont notamment inquiétés de l’impact de la crise sanitaire sur les futures tendances d’organisation du travail.
En effet, avec le confinement de mars-avril 2020, de nombreux salariés ont été contraints de travailler à distance. Résultat, des transformations qui étaient déjà à l’œuvre se sont brusquement accélérées, comme l’essor du télétravail. De La Défense à Lyon Part-Dieu, les bureaux sont restés désespérément vides pendant des mois et n’ont été que très peu fréquentés depuis. Or, des bureaux vides, pour n’importe quel investisseur, c’est une immobilisation d’actifs qui pourrait être investis ailleurs. Surtout quand on sait que l’immobilier représente le deuxième poste de dépenses d’une entreprise…
La vacance des bureaux en augmentation de 30% en région francilienne
Les perpectives pour le secteur en 2021 ne sont pas plus optimistes. En avril, la vacance des bureaux proposés à la location avait augmenté de 30% en Ile-de-France, région où se concentre 85% de l’offre et de la demande. Selon le cabinet de conseil en immobilier JLL, ce sont donc 100 000 m² de plus qui sont proposés à la location et qui restent vides, soit l’équivalent de 20 terrains de football. Beaucoup d’entreprises s’interrogent : faut-il réduire la surface des bureaux ? Faut-il vendre ou plutôt que de louer ? Est-ce au contraire le bon moment pour investir ?
Des mètres carrés réduits mais mieux exploités
Au-delà de la dichotomie achat/vente, les entreprises questionnent aussi l’adaptabilité de leurs locaux aux usages de demain. Car si le télétravail est appelé à se développer de manière exponentielle, il n’en reste pas moins que les salariés ont besoin de se retrouver régulièrement pour échanger avec leurs collègues, rencontrer des clients ou tout simplement travailler au calme. Être derrière son écran en chaussettes est beaucoup moins sympathique quand le petit dernier hurle dans la pièce d’à côté. Le télétravail oui, mais à petites doses. Selon le dernier baromètre Ifop/SFL, 63 % des Français souhaitent continuer à venir au bureau au moins trois jours par semaine. Seuls 8 % aimeraient travailler exclusivement à distance.
Il faut donc à la fois repenser les salles de réunions, les bureaux individuels mais aussi les espaces de convivialité, essentiels dans le cadre des échanges informels qui font aussi la saveur du travail. Les locaux devront être réaménagés pour valoriser l’aspect social, le travail collaboratif et favoriser la créativité : plateaux modulables grâce à des cloisons, mobilier de bureaux adaptés aux différents usages… De multiples évolutions sont à prévoir.