Louer son bien pour un tournage, mode d’emploi
Proposer son chez-soi pour un film, un clip, une publicité ou un shooting photo peut rapporter gros. Même très gros. Pour autant, si l’expérience peut être aussi rentable qu’enrichissante, elle peut aussi réserver son lot de mauvaises surprises.
Louer son bien pour un tournage peut représenter une source de revenus non négligeable. Selon la taille, le standing, l’esthétique de votre maison ou de votre appartement mais aussi le budget de la production, sa location peut vous rapporter entre 800 et 4000 euros par jour. Car pour une société de production, louer un espace revient bien moins cher que de fabriquer des décors.
Devant la manne financière possible, grandes entreprises et collectivités territoriales se prêtent de plus en plus au jeu de la location pour un tournage. Un salon des lieux de tournage a même lieu tous les ans à Paris : il existe aujourd’hui une quinzaine de sociétés spécialisées qui mettent en relation producteurs et particuliers. La plupart des tournages ne durent que deux à trois jours, mais certains peuvent s’étendre jusqu’à six semaines. Certains propriétaires vivent même exclusivement de cette activité.
La maison de monsieur-tout-le-monde
Bien sûr, les biens d’exception sont recherchés (loft, manoir, villa avec piscine…), mais aussi les restaurants, les entrepôts, les usines et, bien sûr, la maison de « monsieur-tout-le-monde ». Parfois, c’est la « banalité » d’un intérieur commun qui est recherché, ou une déco des années 70 « encore dans son jus ». Autre subtilité à avoir en tête : plus le lieu de tournage est éloigné de la région parisienne (où sont installés les grands studios), plus les tarifs ont tendance à diminuer, à l’exception de biens uniques ou de régions prisées par le septième art comme le Lubéron ou la Bretagne.
Toutefois, le critère récurrent pour qu’un logement devienne un lieu de tournage est bien la surface disponible. En effet, un film nécessite souvent plusieurs dizaines de personnes dans une seule et même pièce. Si votre séjour fait moins de 40 m², comédiens, techniciens et câbles en tout genre, risquent de manquer de place… Il faut également une hauteur de plafond suffisante pour y camoufler les perches de prise de son. Enfin, dernière contrainte : la propriété doit être facilement accessible, notamment pour que des camions de matériel puissent stationner à proximité.
Le contrat de location, le nerf de la guerre
Comment procéder ? Il faut d’abord soumettre sa propriété à une agence spécialisée, qui élaborera son « book » et organisera une éventuelle visite avec le producteur ou le réalisateur du film.
Un contrat tripartite est ensuite rédigé, avec toutes les assurances et garanties nécessaires. L’agence se charge de toutes les démarches administratives. De fait, les entreprises garantissent une parfaite remise en état des lieux, avec états des lieux d’entrée et de sortie filmés. L’objectif est tout vérifier, du cadre photo aux traces sur les vitres. Assurez-vous aussi que tous vos meubles sont bien là, car entre ceux apportés pour le tournage et les vôtres, il peut y avoir des confusions.
Le contrat doit aussi préciser si les propriétaires sont relogés dans un hôtel pendant le tournage, au cas où ils ne puissent pas cohabiter avec l’équipe. Mais il n’est pas rare que les propriétaires « expatriés » doivent revenir dépanner les techniciens.
Dans l’ensemble, les retours d’expérience sont très positifs. On trouve à la fois le plaisir de voir son intérieur sur grand-écran, d’avoir participé à une œuvre cinématographique à son échelle et parfois, d’avoir partagé un petit-déjeuner ou un barbecue avec l’idole de son adolescence. Partager son intimité avec des dizaines d’inconnus le temps de quelques jours a aussi quelque chose de très dépaysant…un peu comme partir en vacances en restant chez soi !